
Un changement de paradigme : concevoir avec et pour l’intelligence artificielle
L’IA ne doit pas être abordée comme une fonctionnalité à part dans une roadmap produit, mais comme un levier structurant d’innovation, d’alignement et de création de valeur. Selon le rapport d’Airtable « Product Roadmapping 2.0 » (2025), les équipes produit les plus performantes repensent leur feuille de route autour de l’expérimentation IA, avec des cycles d’apprentissage courts, des outils connectés aux données, et une collaboration interdisciplinaire constante .
L’IA impose un nouveau modèle : passer d’une roadmap « feature-centric » à une roadmap centrée sur l’impact, l’expérimentation et la mesure continue.
Des roadmaps trop rigides face à la rapidité d’évolution de l’IA
Les méthodes traditionnelles basées sur des plannings figés à 6-12 mois deviennent inefficaces face à l’accélération des usages IA. Une étude de McKinsey (2023) montre que 57 % des projets IA échouent faute d’alignement produit/métier, souvent lié à une mauvaise anticipation des besoins et à une exécution rigide.
Chez Asana, l’équipe produit travaille sur des cycles IA hebdomadaires : chaque sprint vise à tester une hypothèse métier, à mesurer un signal utilisateur, et à produire un enseignement réutilisable. La feuille de route devient un dispositif d’apprentissage produit + data plutôt qu’un simple calendrier de livrables.

Trois principes clés pour construire une roadmap IA utile et durable
1. Organiser la roadmap comme un portefeuille d’expérimentations
L’approche recommandée par Airtable consiste à penser la roadmap comme un portefeuille d’initiatives IA aux maturités différentes (exploration, prototype, test, déploiement). Cela évite les effets tunnel et permet de concentrer les ressources sur les cas d’usage prometteurs.
🔍 Exemple : chez Figma, chaque nouvelle fonctionnalité IA est testée dans une version bêta communautaire. Cela permet à l’équipe d’ajuster en direct les parcours, les prompts, et les modèles utilisés, en fonction des retours réels.
2. Prioriser les cas d’usage IA en fonction des données disponibles
Sans base de données structurée, pas d’IA efficace. L’une des clés est de partir des données existantes, de leur qualité et de leur connectivité. L’IA ne fait que révéler les dysfonctionnements des modèles de données sous-jacents. C’est pourquoi Amplitude, par exemple, a renforcé ses pipelines de data governance avant tout déploiement d’IA métier.
👉 L’IA devient ainsi un révélateur stratégique de maturité data : elle oblige à auditer, prioriser et fiabiliser.
3. Créer une gouvernance interfonctionnelle pilotée par la valeur
Les entreprises les plus avancées en IA produit (DoorDash, LinkedIn, Vimeo) mettent en place des rituels communs entre product managers, data scientists, ingénieurs ML et designers UX. Cela permet une co-construction rapide de scénarios IA, une validation terrain immédiate, et une convergence autour de la valeur utilisateur.
📊 Exemple chez Vimeo : l’équipe IA utilise une matrice “data signal / user value / tech feasibility” pour prioriser les expérimentations. Chaque projet IA doit démontrer un impact mesurable sur un usage-clé dans les deux premières semaines de test.

Exemple de mise en œuvre : IA, no-code et gains business
Pour une émission de divertissement, j’ai conçu un outil digital de gestion de casting utilisant Glide (interface), Airtable (structuration des données) et Make (automatisation IA). Résultats obtenus :
• Réduction de 60 % du temps de traitement des candidatures
• 98 % des vidéos automatiquement analysées et catégorisées
• Interface évolutive selon les retours hebdomadaires des équipes
👉 En appliquant une logique de roadmap IA dynamique, avec cycles courts, scoring des usages et feedbacks continus, nous avons transformé un processus métier manuel en système piloté par la donnée et l’impact réel.
Recommandations opérationnelles
1. Formaliser une vision IA à moyen terme (12 mois), sans figer les moyens.
2. Utiliser des outils visuels et collaboratifs (Airtable, Notion, Figma) pour rendre la roadmap vivante.
3. Mesurer chaque expérimentation : non pas en termes de performance technique, mais de valeur perçue (temps gagné, action déclenchée, clarté, satisfaction).
4. Évangéliser les équipes avec des démonstrateurs simples, orientés métier.
5. Outiller l’apprentissage produit avec des cycles courts et des KPI partagés.
L’IA redéfinit la roadmap comme outil d’impact, pas de planification
La roadmap produit n’est plus un fichier figé. C’est un système vivant qui structure l’exploration, la prise de décision, et la capacité d’adaptation en temps réel. Dans un monde transformé par l’IA, ce sont les équipes capables de tester vite, apprendre vite, et pivoter intelligemment qui prennent l’avantage.
L’IA n’impose pas seulement de nouvelles fonctionnalités, elle impose une nouvelle méthode produit, où l’expérimentation devient la norme, et la donnée, le langage commun.